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Le Tardigrade,

une cantine bio à prix libre

Cuisine familiale, récup’ bio et convivialité

Le Tardigrade | Spots | par Benjamin LEIBA | 10 octobre 2016

 

Entre récup’ des invendus et repas de quartier, chacun se relaie au fourneau de la cuisine participative de Montreuil. On a goûté pour vous ces bons petits plats.

À table !

Montreuil, 17h10 – Dam’s et Cécile sortent les cagettes de légumes bio du coffre pour les déposer dans la cour du squat’. Ils reviennent de la récup’ des invendus du supermarché bio local.

Pendant que Dam’s trie les aliments pour ne garder que ce qui est vraiment comestible, Cécile range les légumes. Au même moment, dans la cuisine, Abdel prépare déjà la soupe du soir.

 

Au comptoir, deux soixantenaires du quartier discutent autour d’un petit verre de rouge.

Un nouveau venu passe le pas de la porte :

 

« Bonjour et bienvenue au Tardigrade ! » lance Abdel au néophyte.

 

Située au 39 rue de la solidarité à Montreuil, cette cantine ne passe pas inaperçu.

L’ambiance est détendue, chaque nouveau arrivant est accueilli avec le sourire et quelque chose à boire. Malgré les apparences, Abdel n’est pas le patron des lieux.

La raison est simple : ici, pas de patron, pas de salarié mais des adhérents qui passent derrière le comptoir.

Les gens arrivent souvent seuls, et certains habitués en profitent pour commencer une partie d’échec. Le lieu est entièrement décoré avec des objets de récupération, qui lui confère un aspect convivial et bon enfant.

 

« Il y a 2 ans, on a lancé la cantine avec un autre bénévole, jusqu’à ce qu’elle soit autogérée par les adhérents », explique Rom’s, un des pionniers du collectif.

Le Q.G. de l’association Collectif 39 regroupe une cantine participative, un magasin gratuit, un atelier de bricolage, une salle de projection qui fait aussi office de bibliothèque en libre-service et un studio de musique. Les lieux sont squattés et hébergent plusieurs dizaines de personnes dans deux immeubles différents, « au moins jusqu’au prochain hiver », espèrent-ils.

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Économie solidaire et anti-gaspillage

 

Moyennant 2 euros/an, les adhérents peuvent profiter des installations du collectif. Tout est à participation libre. « Les gens peuvent soit donner de leur temps pour participer ou bien donner une somme libre en fonction de leurs moyens » ajoute Dam’s, ancien président de l’asso’ et aujourd’hui habitant du squat’.

 

Ils ont aussi monté un partenariat local avec plusieurs enseignes de distribution alimentaire bio. Ils récupèrent les invendus tous les jours et les mettent à disposition pour cuisiner tous les mercredis et dimanches, le midi et le soir.

 

Il assume une autre approche de la consommation, permettant à tous d’accéder à des produits de qualité.

 

« Mais tout ça n’est possible que grâce à la gratuité des locaux », nous souffle-t-il.

 

Ses yeux pétillent rien qu’à évoquer les bons petits plats qu’on cuisine ici.

Les cuisiniers préparent pour ce soir une salade de carottes/tomate, une soupe aux légumes, un riz-ratatouille maison et un cake banane/abricot. Les plats varient à chaque fois, en fonction des invendus récupérés.

 

Si Abdel est très actif dans l’association, sa collègue de fourneau est novice et participe à son premier repas partagé au Tardigrade. Elle en a entendu parler par une amie et a décidé de participer au projet.

 

Les bénévoles s’inscrivent sur un petit tableau et se coordonnent entre eux pour assurer la collecte. Ils ont même construit un vélo porteur spécial pour l’occasion, bricolé à partir de carcasses de vélos.

Entre les services de la cantine, Abdel et Bruno construisent des structures en bois pour les ateliers vidéo du ciné-club. Pendant leur pause clope, ils en profitent pour faire un tour du côté de la bibliothèque en libre-service, et parfois présenter aux passants curieux ce lieu atypique.

 

Du lien social pour le quartier

 

Ici, on assume le côté grande famille : « Même si on ne se connaît pas, les nouveaux arrivants vont instinctivement aider en cuisine, à la vaisselle ou vont parler aux gens. Cuisiner ensemble, ça c’est un lien essentiel ! » raconte Cécile, responsable du ciné-club, qui voit d’un bon œil l’arrivée de volontaires.

 

La cantine est assez petite, la proximité favorise les discussions informelles et les rencontres.

Des jeunes, des vieux, de toutes les couleurs, se mélangent et échangent sur leur quartier, leurs projets… et sur le repas du jour !

 

"On a une forte mixité sociale et générationnelle ici, ça permet aussi de sortir de l’isolement " conclut Cécile.

 

Quand vient le café, Moses communique sa joie de vivre. D’origine de Jamaïque et du Ghana, ce chanteur de reggae participe aux jams sessions et aux repas-concerts de quartier.

 « Ici, c’est meilleur qu’au restaurant ! En plus, il n’y a pas de racisme, tout le monde est gentil avec moi, et on nous laisse faire notre musique ».

 

Mais la démarche a ses limites. On s’attriste en coulisse du manque d’intérêt des squatteurs des bâtiments pour les activités de l’association. Ils restent à l’écart et participent que très peu aux activités du collectif.

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