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49 à 3: Le stade est en émoi

“Bienvenue dans la magnifique arène du Urban Soccer d’Aubervilliers”, commente fièrement le speaker du stade mythique de la banlieue Nord de Paris. 

Les supporters affluent de toutes parts pour assister à ce match historique entre le RCCGT, une petite équipe de quartier et le FC Matignon, favori pour ce match après leur victoire historique au match aller sur le score fleuve de 49 à 3.

“Il n’y avait pas d’opposition, on a hâte de voir la revanche”, commente Geoffroy, 24 ans, visiblement amusé par ce score insolite. 

Le meneur de jeu du FC Matignon, Manuel Valls, auteur d’un but tout en force lors de ce match, est malgré tout conspué par les supporters pour son manque de fair-play.

“Si je le croise sur le terrain, je lui ferais un tacle à la cravate” déclare Mamadou, 27 ans.

Une haine assez révélatrice du sentiment de dégoût qui règne aujourd’hui dans les tribunes. 

Cette suprématie n’étant sans rappeler l’attitude du gouvernement français lors des mouvements sociaux de 2016,

les supporters se confient peu à peu.

“C’est du n’importe quoi, on devrait pouvoir voter des lois sans avoir à passer en force, c’est pas ça la démocratie. C’est pas un bon exemple à montrer à la jeunesse de demain” .

Tous ont entre 20 et 30 ans, se sentent concernés par les questions de société mais c’est un sentiment d’injuste et d’impuissance qui revient chez toutes les personnes rencontrées.

“On revient à l’époque de la monarchie. Le peuple est impuissant alors que c’est nous qui avons les cartes en main. Au lieu de cela, on les regarde faire et on courbe l’échine”, nous confie Axel 27 ans.

“Si je les croisais sur le terrain, là il n’y aurait pas de diplomatie, je prendrait une suspension à vie!” 

“Le discours politique doit être accessible à tous, leurs discours à eux est illisible. Dans mes proches, très peu se sentent concernés par la politique. Moi, j’ai d’autres priorités”, nous glisse Thomas, 23 ans. 

Abdou, 23 ans, trouve au contraire qu’il y a d’autres combats à mener que la politique.

Lui se sent touché par les questions de racisme au travail, et par l’exclusion et le manque d’infrastructures dans son quartier. Au niveau local, “remplacer un terrain de foot par des locaux poubelles, ça crée forcemment des tensions chez les jeunes de chez moi”.

Loin des grandes préoccupations idéologiques, les jeunes ont aussi besoin qu’on les écoute et qu’on respecte leur voix: “Nous, on fait partie des pions. Même si demain on manifeste, s’il veulent faire passer une loi, il la feront quand même”, déclare-t-il, désabusé.

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Zinab, elle, ne connait le nom d’aucune personne au gouvernement.
À 25 ans, son rejet des “politiques corrompus” ne peut et ne doit pas être ignoré. Et à l’heure où les sondages présidentiels pour 2017 donnent largement gagnant un candidat condamné pour prise illégale d'intérêts, comment lui donner tort?

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Renouveler le paysage politique français n’est malheureusement pas à l’ordre du jour. La nouvelle directive sur l’égalité du temps de parole pour les futurs candidats ne va pas vraiment dans ce sens, puisqu’elle donne toujours un peu plus de place aux grands partis.

Alors que l’abstention grimpe dangereusement et que les extrêmes guettent, il semble clair que le tacle aveugle du meneur de jeu Manuel Valls n’arrange pas vraiment les choses.

Le gouvernement avait fait des jeunes sa priorité de campagne, il semble aujourd’hui que le bilan soit bien amer auprès des jeunes d’Aubervilliers.

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C’est peut-être eux qui sortiront le carton rouge en 2017 finalement. 

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